1. |
Oisive jeunesse
04:15
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ici c’était l’ailleurs aussi
jadis au temps de l’alchimie
la chambre blanche et les yeux noirs
je n’avais pas d’autre accessoire
j’étais le maître d’une esclave
et j’étais grand et j’étais grave
et j’étais le chien de sa chienne
le Raspoutine de ma reine
à l’hôtel à côté la nuit
les gens heureux dansaient sans bruit
oisive jeunesse
à tout asservie
par délicatesse
j’ai perdu ma vie
ah que le temps vienne
où les cœurs s’éprennent
j’étais sortilèges et visions
et bien plus vaste que mon nom
et les bouteilles et les nymphettes
autour de moi tombaient en miettes
elle aurait aimé que je l’aime
je cherchais un autre totem
je lui parlais avec mes mains
elle répondait avec ses seins
et j’ai ri d’être prisonnier
d’un théâtre de cruauté
oisive jeunesse
à tout asservie
par délicatesse
j’ai perdu ma vie
ah que le temps vienne
où les cœurs s’éprennent
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2. |
Le meilleur des mondes
02:57
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comment roulaient toutes ces autos
qu’est-il arrivé à Tokyo
se drapaient-ils dans des drapeaux
ont-ils vu quelque chose là-haut
est-ce qu’ils avaient encore de l’eau
les hivers étaient-ils moins chauds
le soleil brûlait-il la peau
mangeaient-ils encore les chevaux
à quoi leur servaient leurs cerveaux
est-ce qu’ils avaient encore de l’eau
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3. |
Trou d'homme
03:29
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j’étais tout barbouillé de nuit
comme si la vie m’avait sali
sans poésie sans mon opium
homme troué dans un trou d’homme
et ce chagrin silencieux
incommensurablement vieux
était-ce le ver ou la pomme
était-ce moi dans un trou d’homme
les arbres morts les chiens perdus
les putains tristes dans les rues
qui saurait dire ce qui me nomme
qui sait ce que c’est qu’un trou d’homme
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4. |
Shanghai
03:40
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j’étais l’ingénieur du délire
les mots ne pouvaient pas mentir
même en enfer c’était ma fête
quand c’était Shanghai dans ma tête
combien coûtera le téléphone
quand il n’y aura plus personne
quelle importance me dit la bête
ce sera Shanghai dans ta tête
ce n’est pas la mort qui nous tue
mais c’est la vie le comprends-tu
même immobile rien ne m’arrête
c’est encore Shanghai dans ma tête
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5. |
Défense de voir
03:04
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les bras où j’ai demandé
le statut de réfugié
n’étaient qu’un piège je sais
ils en avaient la beauté
quand la maison est bâtie
le malheur y entre aussi
ton cœur est une prison
l’amour est ta punition
je te le dis mon ami
tant qu’il y a de la vie
il y a du désespoir
quelque part dans le miroir
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6. |
Tu danses (avec la nuit)
04:15
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tu danses danses dans la nuit
tu danses comme danse la pluie
la ville est vide le vent est gris
tu danses danses avec la nuit
tu as tué ton ennemie
mangé son cœur brûlé son lit
elle était belle comme la folie
et puis cruelle comme elle aussi
tu danses danses dans la nuit
la bouteille sur la table luit
tes yeux sont rouges et tu souris
tu danses danses avec la nuit
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7. |
La main de Dieu
03:12
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ces gens n’ont pas de visage
ce ne sont que des images
dans la tête des bourreaux
pour la une des journaux
le bourreau est un martyr
il va tuer et mourir
ce n’est pas un assassin
c’est son Dieu qui tient sa main
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8. |
Parlez-moi d'amour
03:40
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parlez-moi d’amour
redites-moi des choses tendres
votre beau discours
mon cœur n’est pas las de l’entendre
pourvu que toujours
vous répétiez ces mots suprêmes
je vous aime
vous savez bien
que dans le fond je n’en crois rien
mais cependant je veux encore
écouter ces mots que j’adore
votre voix aux sons caressants
qui les murmure en frémissant
me berce de sa belle histoire
et malgré moi je veux y croire
parlez-moi d’amour
redites-moi des choses tendres
votre beau discours
mon cœur n’est pas las de l’entendre
pourvu que toujours
vous répétiez ces mots suprêmes
je vous aime
il est si doux
mon cher trésor d’être un peu fou
la vie est parfois trop amère
si l’on ne croit pas aux chimères
le chagrin est vite apaisé
et se console d’un baiser
du cœur on guérit la blessure
par un serment qui le rassure
parlez-moi d’amour
redites-moi des choses tendres
votre beau discours
mon cœur n’est pas las de l’entendre
pourvu que toujours
vous répétiez ces mots suprêmes
je vous aime
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9. |
Rien à dire
03:30
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j’ai répudié la reine
et fait taire les sirènes
qui pourrait me séduire
je n’ai plus rien à dire
j’ai cassé les icônes
les statues aux yeux jaunes
rien ne peut plus me nuire
je n’ai plus rien à dire
qu’ont-ils fait de mes livres
mon beau jardin de givre
j’ai perdu mon empire
je n’ai plus rien à dire
la maison du silence
est pleine de l’absence
qu’on veille ou bien qu’on dorme
elle n’a jamais de forme
et c’est sans importance
mais pendant que j’y pense
il me faut te le dire
je n’ai plus rien à dire
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10. |
Comme un poète
03:22
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je suis un sans abri fiscal
je ne m’en porte pas plus mal
c’est normal d’être anormal
au temps du temps du Grand Chacal
je dis que mon nom est nombreux
et je dis que je suis de ceux
qui gagnent à jouer un autre jeu
que le jeu qu’on veut jouer pour eux
j’ai dansé comme une oriflamme
au-dessus de l’organigramme
j’ai vu les maîtres moi madame
les tuer était mon programme
enivre-moi délivre-moi
de mes livres et de mes émois
que mon savoir me laisse froid
que ma blessure me fasse roi
je veux mourir comme je vis
dans la langue dans laquelle je chie
sans drapeau si ce n’est celui
de ton collant noir dans la nuit
j’ai le temps d’étreindre le feu
pour mourir jeune je suis trop vieux
et si E = mc 2
pourquoi aurais-je besoin d’un dieu
je sais que plus c’est moins mieux c’est
et que pour vivre je vivrai
les mains vides et libre et léger
comme un poète sans papiers
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11. |
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le front ridé, les cheveulx gris,
les sourcilz cheuz, les yeulx estainctz,
qui faisoient regars et ris,
dont maintz marchans furent attaincts ;
c’est d’humaine beauté l’yssues !
les bras courts et les mains contraictes,
les espaulles toutes bossues ;
mammelles, quoy ! toutes retraictes.
ainsi le bon temps regretons
entre nous, povres vieilles sottes,
assises bas, à croppetons,
tout en ung tas comme pelottes,
à petit feu de chenevottes,
tost allumées, tost estainctes ;
et jadis fumes si mignottes !...
ainsi en prend à maintz et maintes.
quand me regarde toute nue,
et je me voy si très-changée,
povre, seiche, mesgre, menue,
je suis presque toute enragée.
ha ! vieillesse felonne et fière,
pourquoy m’as si tost abatue ?
qui me tient que je ne me fière,
et qu’à ce coup je ne me tue.
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12. |
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et ceci s’est passé
comme passent les années
et toi tu es resté
le vent peut-il te dire
s’il y a un avenir
pour tous ces souvenirs
la vieille valise est vide
tu y mettras tes rides
vivre est un homicide
mais si la ville est noire
tu peux reprendre espoir
il va neiger ce soir
il va neiger ce soir
tu peux reprendre espoir
la nuit comme un habit
te tient au chaud ici
il reste une bouteille
et tu n’as pas sommeil
ce soir
il va neiger ce soir
tu peux reprendre espoir
le ciel tout doucement
va se saigner à blanc
le monde va cesser
tu l’as bien mérité
ce soir
et ceci passera
et rien ne restera
ni la neige ni toi
le vent peut te le dire
tu n’es qu’un souvenir
qui n’a pas d’avenir
jette la vieille valise
la leçon est apprise
partir n’est pas de mise
mais si tu vois la mort
même si tu as tort
dis-lui d’attendre encore
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Serge Viau Montréal, Québec
Serge Viau est musicien et écrivain. Il est né à Montréal, où il vit et travaille.
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